mardi 14 décembre 2010

La chronique du mardi au jardin botanique: le tamarinier

LE TAMARINIER

Dans les zones arides ou semi-arides, au nord et au centre du Sénégal notamment, le tamarinier ne subsiste que par de rares spécimens qui sont sous forme de très grands arbres, donc très vieux.

C’est une espèce fruitière forestière qui a une croissance excessivement lente si bien que la plupart du temps, le tamarinier se présente sous forme de grand arbuste, tout au plus. Toujours vert.

Il se retrouve un peu partout même si sa régénération naturelle est fortement atténuée par la sécheresse, le surpâturage et la surexploitation.




Petite anecdote de l'Hôpital Traditionnel : un thérapeute, collaborateur de l’Hôpital, âgé pourtant de 60 ans et résidant dans la région de Louga, s’est émerveillé à la vue de notre pépinière de jeunes plants de tamarin et a avoué ne jamais avoir vu de sa vie une jeune pousse de tamarinier, encore moins imaginé que cela puisse exister.

Sa raréfaction entraine ainsi une vive concurrence entre les hommes et les singes qui en sont particulièrement friands, et qui en viennent à récolter ses fruits de plus en plus tôt, avant qu’ils ne parviennent à maturité.



De son nom scientifique, Tamarindus Indica, le tamarinier est l’une des plantes les plus mystérieuses de la pharmacopée sénégalaise au point qu’elle est classée parmi les plantes-diagnostic, c'est-à-dire qu'on l’utilise pour déterminer la maladie en cas de doute.



C’est l’arbre des génies, par excellence. Selon la tradition, c’est leur lieu de résidence et de prédilection... Un proverbe wolof en fait d’ailleurs référence : « Quand le génie a envie de tamarins, qui monte sur l’arbre tombe ! »

C’est ainsi qu’il est soigneusement évité par les gens, notamment aux heures de midi et nocturnes. Son bois est tout aussi bien fortement déconseillé comme bois de chauffage. Et frapper quelqu’un avec une branche de tamarinier est ressenti comme l’un des pires affronts.


A ce titre, rien d’étonnant qu’il entre dans l’arsenal thérapeutique des tradipraticiens, des psychiatres en particulier dont un des aspects de leur traitement de la folie consiste à flageller le patient avec des branches de tamarinier!


A ce titre, toujours, rien d’étonnant à ce qu’il soit considéré, dans la croyance traditionnelle, comme une panacée, au même titre que le jujubier chez les musulmans.

A ce titre, enfin, on peut récuser les thèses qui en font une plante introduite en Afrique. Il semble pratiquement certain qu’il s’agisse d’une plante autochtone même si son nom a tendance à l’infirmer.

Les enfants consomment les feuilles et/ou les fleurs en les écrasant et y ajoutant du sel ou du sucre.

Selon feu Dadi Diallo, co-fondateur de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, cette préparation aurait également des propriétés anti-stressantes en même temps que des vertus toniques.

La macération sucrée de ses fruits est une boisson très désaltérante et revigorante dont la consommation est fortement répandue. Elle s’avère, en outre, un excellent préventif de la méningite.

Ainsi donc, ses fruits, feuilles, écorces ou racines sont utilisées comme laxatif, fébrifuge, anti-infectieux, anti-diarrhéique, fortifiant et fertilisant. Chez le nourrisson, on l’utilise pour inciter ce dernier à l’allaitement.

Il convient de saluer, enfin, les efforts déployés par l’Institut de Recherches Agricoles du Sénégal (ISRA) pour en introduire de nouvelles espèces génétiquement modifiées –comme dans le cas du jujubier- dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Il reste juste à savoir les propriétés médicinales de ces nouvelles espèces.

Bineta Sow, stagiaire

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