vendredi 29 octobre 2010

Rencontre du bureau de l'ONG "Rencontre des Médecines"


Les arrivées se sont succédées à Keur Massar depuis le dernier message: Jeanine Larmand le dimanche soir, puis, Anne de Constantin et le Docteur Béatrice Milbert le mardi soir.







































Aucune n'était venue à Keur Massar et c'est en prenant le temps de visiter chaque tradipraticien, puis le laboratoire et le jardin botanique et, enfin, l'école qu'elles découvrent le lieu, la pharmacie, l'accueil, le gîte, ...







Echanges, écoute attentive, questions, évocation du passé, mais aussi des difficultés du présent: chacun a à coeur de comprendre comment avancer vers un avenir moins précaire.


Ces premiers jours sont une vraie prise de contacts pour les membres du Bureau renouvelé de l'ONG "Rencontre des Médecines" avec l'Hôpital Traditionnel de Keur Massar que l'ONG soutient.








Djibril, Yoro et Alibâ accompagnent le petit groupe au jardin botanique et c'est un moment rare et précieux que d'écouter ces échanges entre spécialistes sur les qualités de chaque plante. Le jardin, immense, impressionne les visiteuses par sa qualité et la quantité d'espèces végétales...



Geneviève Baumann



dimanche 24 octobre 2010

Après la saison des pluies


La saison des pluies semble bel et bien derrière nous cette fois et nous pouvons enfin envisager d'effectuer les travaux sans trop de risques pour le béton, pour le bois ou pour la sécurité.












Keur Massar bruisse d'activité: au moulin, à l'école, dans le jardin.

L'urgence: le toit du moulin à démonter, puis à rebâtir totalement. Tous les matériaux sont là. Dans quelques jours, tout devrait être à nouveau en place.


Lundi 25, ce sera le vrai jour de rentrée avec la totalité des cours. Les maîtres mettent la main à la pâte. Un mur a été abattu pour agrandir une classe devenue trop petite pour le nombre d'enfants (puisqu'il y a quatre salles de classe pour six niveaux de classe, voire sept niveaux si l'on compte le jardin d'enfants).







Des innovations ont été mises en place: un beau panneau à l'entrée pour les tâches, puis deux autres pour les photos, les témoignages des visiteurs, les lettres d'encouragement. Tous les parents ont joué de jeu de remplir une fiche d'inscription et de s'engager au versement de frais de scolarité (2500 cfa par mois). Un fonds se met en place pour les familles démunies qui ne paieront que 1000 cfa par mois. Cinq familles sont dans l'incapacité totale de financer la scolarité et devront être prises en charge par ce fonds. Le directeur, Cheikh, a finalement décidé de prendre en charge lui même l'encaissement et c'est Pape qui saisit tout cela à l'ordinateur. Toutes les dépenses ont été scrupuleusement notées, tirées au plus juste. Bien sûr, dès ce premier jour à Keur Massar, de nouveaux projets naissent déjà concernant l'école:


- agrandir l'ouverture des fenêtres d'une des salles de classes (trop peu de lumière pour les enfants et le maître)


- mettre des volets pour la sécurité nocturne (avant Seydou était gardien et habitait sur place)


- construire des toilettes (trous avec séparation pour filles et garçons). Pour l'instant, les enfants vont derrière...


- et, bien sûr, agrandir le corps enseignants et faire un vrai jardin d'enfants...

Dans le jardin enfin, les pluies ont fortement endommagé les deux puits financés par le GRAMI. La nappe est remontée et a causé l'affaissement des sols. Le puisatier est attendu pour un estimation des réparations, mais il est cloué au lit par une crise de paludisme et il tient à voir lui-même les dégâts.

Malgré les dégâts causés directement ou indirectement par la pluie (les toits des cases des tradipraticiens par exemple), on sent bien que la pluie reste une bénédiction pour cette région du monde. Une longue visite dans le jardin botanique, le matin et le soir, juste avant le départ, montre toute l'exubérance de cette nature...

Geneviève Baumann

samedi 16 octobre 2010

La lèpre. Relire Madame Parès (6)

Ce document a été rédigé et envoyé par Madame Parès à l'Hôpital de Keur Massar pour être distribué aux visiteurs. Il sera publié en plusieurs étapes. Chaque extrait concernera une maladie.

AVANT PROPOS

Une longue pratique en médecine traditionnelle du Sénégal, au cours des années 1980-2003, et riche d’enseignement m’a incitée au partage de ces réflexions sur les fléaux qui affectent la planète. 

Elles voudraient contribuer à une nouvelle orientation des politiques sanitaires en tenant compte des valeurs médicales accumulées au cours des millénaires, sur les divers continents. 

Elles voudraient aussi être un témoignage de gratitude envers lesmaîtres éminents: MM.Dadi DIALLO, Abdoulaye FATY, Magueye NGOM, Hamady SYLLA, Amet DIAW.


LEPRE : COMMENT FAIRE RECULER LE FLEAU ?

I) Introduction

La lèpre sévit depuis des temps immémoriaux et n’a jamais été éradiquée des zones d’endémie. 

En Europe, elle n’a disparu qu’avec les épidémies de peste qui durant de longues périodes décimaient les populations, ne laissant que peu de survivants. 

Cette maladie fait basculer les destins des hommes et des femmes qui en sont frappés et les condamne au rejet. 

Elle est aussi d’autant plus difficile à soigner quand une longue ancienneté a fait de multiples complications. Mais il n’en demeure pas moins qu’elle pourrait être combattue avec efficacité et reculer considérablement. 

Cette vision n’a rien d’utopique. Des moyens d’action existent, ils se trouvent hors des entiers battus.


II) le combat du passé

La médecine officielle n’a pu maîtriser l’épidémie lépreuse. 

Sulfones et sulfamides retard n’étaient pas curatifs. Ultérieurement, lors des campagnes de poly chimiothérapie, les formules comportaient l’adjonction de la rifampicine, d’action souvent spectaculaire mais éphémère. 

Tous ces produits non guérissant responsables d’effets indésirables, sources d’accidents allergiques graves, à visée uniquement antimicrobienne ne pouvaient conduire au succès.

Une simple réflexion marquée par la logique aurait du montrer que l’addition de plusieurs molécules défectueuses n’augmente en rien les capacités de guérison et que l’échec serait au bout du chemin. 

Mais les affirmations erronées et bruyantes répétées par les «experts » impressionnent toujours les esprits et finissent par annihiler le sens critique. 

Or, actuellement, en 2008, on constate que rien n’est changé, dans les prescriptions antilépreuses officielles, on continue de piétiner dans la même impasse. 

Un grand désintérêt pour la lèpre s’est manifesté depuis l’émergence du sida. Mais ce climat défavorable ne devrait pas entraver la recherche de voies bénéfiques susceptibles de diminuer l’ampleur de ce fléau ancien qu’est la lèpre. 

Il est, pour cela, une réalité dont il faut prendre conscience. La médecine officielle n’évolue pas dans un néant médical. 

Tous les peuples, sur tous les continents, ont élaboré des médecines selon leurs critères et leur environnement. Et elles détiennent – on l’ignore trop souvent – le patrimoine thérapeutique de l’humanité accumulé au cours des millénaires. 

L’Afrique subsaharienne y contribue pour une large part. C’est dans ce contexte que peuvent se dégager des perspectives porteurs d’espoir.


III) Au Sénégal, une première tentative

L’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, créé en 1980, s’était donné pour tache prioritaire la lutte anti-lépreuse. 

Cette option n’avait jamais cessé malgré l’élargissement des activités au domaine de la médecine générale. 

Cette structure de médecine africaine a traité au cours de près de trois décennies de très nombreux malades lépreux dans l’hôpital, les villages de reclassement social, des lieux discrets pour les malades lépreux des rues de Dakar. 

L’étendue de ces activités a permis de mesurer toute l’efficacité des traitements antilépreux de la médecine traditionnelle au Sénégal.


IV) Les traitements antilèpreux traditionnels

Les traitements de la lèpre sont nombreux. Ils varient selon les régions du Sénégal où ils prennent leurs sources, dans les flores médicinales qui leur sont spécifiques. 

Mais tous ces traitements relèvent des mêmes principes généraux, de la même sagesse et sont remarquablement structurés. Ils tiennent compte à la fois des germes infectieux, de l’organisme et du psychisme des patients, des formes cliniques et des multiples lésions, etc. 

Les traitements se déroulent en plusieurs étapes :

1. Traitements préliminaires dont le but est l’élimination des toxines accumulées au cours de la maladie.Une purgation forte et contrôlée gouverne cette étape.

2. Traitement d’attaque comportant des préparations tonifiantes qui relèvent l’état général des patients

3. Traitement de fond qui se déroule en phases successives avec changement des préparations médicamenteuses administrées. Une phase particulière est à signaler, celle que permet, au Sénégal, la saison des pluies avec le développement de diverses plantes herbacées antilpreuses.

4. Traitement final qui consolide les résultas acquis.

5. Traitement de sécurité pour entraver les risques de rechute, de courte durée.

Les préparations médicamenteuses prescrites par voies interne et externe interviennent dans tous les aspects de la maladie. 

Leurs vertus sont les suivantes : action dépurative, action tonique, action antimycobactérienne, affaissement des lépromes, recoloration des taches cutanées, normalisation de la peau, disparition des paresthésies, retour progressif de la sensibilité, régression partielle des paralysies et récupération progressive d’un bon tonus musculaire, action antinévrite et antalgique, action anti-oedèmes, amélioration des lésions osseuses, prévention des mutilations, préventions des réactions lépreuses, cicatrisation des ulcérations, traitement des troubles psychiques...

Ce bref exposé permet d’entrevoir la grande richesse des thérapies antilépreuses de la médecine traditionnelle du Sénégal. 

Leur efficacité a été démontrée. Une preuve tangible et émouvante a été la création d’une association par les malades guéris, après avoir reçu les traitements pratiqués à l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar et dans les lieux où il est intervenu. 

Mais ces traitements, malgré leur remarquable intérêt médical et humain, ne constituent pas l’arme majeure qui permettrait un recul important de l’endémie lépreuse. 

Ils s’adressent le plus souvent à des cas déjà avancés de la maladie. Le chemin est autre et comporte deux aspects.


V) Premiers pas pour un recul de la lèpre

Un premier pas efficace, mais non encore décisif, serait l’attention portée sur une réalité trop souvent laissée dans l’ombre, la lèpre infantile qui depuis quelques années parait survenir de plus en plus tôt. 

Alors que les traitements des lèpres plus ou moins avancées sont longs et difficiles. 

Les traitements des enfants dès l’apparition des premiers signes ne nécessitent que des préparations médicamenteuses plus simples et en moindre quantité. 

La guérison survient avant qu’ils n’aient pris conscience de leur maladie. Un traumatisme moral leur est évité ainsi que les troubles psychiques qui surviennent toujours tôt ou tard. L’avenir des enfants est ainsi préservé. 

Ils n’assureront la relève des malheureux que l’on voit mendier dans les rues des villes. Afin d’assurer au mieux ce premier pas vers un recul de l’endémie, il importerait de prendre les initiatives nécessaires pour déceler dès leur apparition les signes caractéristiques de la maladie. 

La médecine traditionnelle du Sénégal dispose de traitements adaptés aux enfants par la nature des plantes et les posologies à administrer. 

L’Hôpital Traditionnel de Keur Massar a traité avec succès un grand nombre d’enfants âgés de 2 à 12 ans. Ils sont devenus des adolescents vigoureux et ultérieurement des hommes et des femmes qui ont pu mener une vie normale.



VI) Le pas décisif : les traitements préventifs

Le traitement précoce des lèpres infantiles marquait déjà une grande avancée. 

Mais le pas décisif se situe en amont avec la mise en œuvre des traitements préventifs. Etudions de près la situation. 

Les enfants nés des mères lépreuses sont certainement contaminés dès avant la naissance ainsi qu’en témoignent les cas de lèpres néo-natales observées à diverses reprises. 

La cause en serait les « formes filtrables » et autres éléments invisibles du cycle biologique de Mycobactérium Leprae qui ont été mis en évidence au cours de mes recherches menées à l’université de Dakar. 

Le lait maternel constitue une autre source de contamination. Par ailleurs, les villages de reclassement social représentent un milieu fortement bacilligène. 

De surcroît, la nourriture souvent insuffisante et mal équilibrée engendre la faiblesse des enfants. Dans ce contexte, comment leur donner les meilleures chances d’échapper au danger qui les menace. 

Il conviendrait de leur assurer les traitements préventifs de la médecine traditionnelle du Sénégal maniés avec une grande compétence par les praticiens spécialisés dans le domaine de la lèpre. Le mal pourrait être ainsi coupé à la racine. 

Examinons de plus près les bénéfices de ces traitements selon l’état des enfants.

a) S’ils sont déjà en incubation silencieuse, les médications préventives stopperont l’évolution vers la maladie déclarée. Les enfants ne connaîtront pas les stigmates et les souffrances de la lèpre. Le danger encouru demeurera insoupçonné mais le combat invisible qui aura été mené portera ses fruits, leur avenir aura été préservé.

b) Lorsque les enfants ne sont pas encore en incubation mais le deviendraient ultérieurement, le traitement en agissant sur les germes et en tonifiant l’organisme fera disparaître les risques.

c) Pour ceux qui échapperaient à la maladie, le traitement aurait une action fortifiante

Les traitements préventifs apparaissent comme des moyens efficaces et rapidement disponibles par leurs médications issues de la nature pour faire barrage aux avancées de la lèpre. Ils impliqueraient seulement une organisation rigoureuse.

L’Hôpital Traditionnel de Keur Massar a pratiqué ces traitements au cours de nombreuses années et là où ils ont été appliqués, les cas de lèpre infantile ne sont pas manifestés. 

La vie humaine est précieuse et la santé, un bien inestimable. Le rôle des médecins est de les défendre et de les protéger.


VII) Conclusions

La lutte antilépreuse a toujours été dirigée contre la maladie déclarée avec des thérapies officielles qui n’étaient pas à la hauteur des difficultés. 

La prévention se limitait à des mesures d’hygiène. La médecine traditionnelle du Sénégal offre la chance inespérée de bloquer l’incubation silencieuse et d’anéantir la maladie à un stade encore indécelable. 

Ces données mériteraient une large diffusion afin que d’autres médecines dans les zones d’endémies puissent entreprendre une lutte similaire et concertée pour le recul toujours plus important de l’affection lépreuse.


LA LEPRE : LES MYSTERES ECLAIRCIS


I) Introduction

La lèpre, maladie déroutante par sa longue incubation, ses diverses formes cliniques, la multiplicité des lésions et l’évolution invalidante, recèle aussi des zones d’ombre qui ont été qualifiées de « mystères ». 

On ne s’expliquait pas la contagiosité de la lèpre tuberculoïde, longtemps déclarée lèpre « germée » ou la soudaine réapparition de multiples bacilles acido-alcoolo-résistants chez un patient négatif. 

Les termes contradictoires tels que « lèpre abacillaire » auraient dû retenir l’attention. 

Comment parler de lèpre en l’absence de bacille et comprendre la gravité et l’étendue des lésions ainsi que l’obligation d’un traitement prolongé ? 

L’ensemble de ces anomalies aurait dû inciter à en rechercher les causes. 

La réflexion conduisait à une hypothèse, l’existence d’un cycle évolutif chez les mycobactéries, comme on peut en observer avec les actinocètes ou les champignons microscopiques, le bacille classique ne représentant qu’une étape visible de ce cycle.

II) Les travaux anciens

Les premiers bactériologistes, au cours de recherches sur Mycobacterium Tuberculosis, avaient observé un fait surprenant. 

Les filtrats de culture sur bougie de porcelaine qui retenaient les bacilles conservaient un pouvoir pathogène. 

Ils en avaient conclu à l’existence d’éléments invisibles de taille très réduite et capables de traverser les filtres. 

Ils les avaient dénommés pour cette raison "les formes filtrables". Mais malgré leurs efforts, les techniques insuffisantes de l’époque n’avaient pas permis de les mettre en évidence.


III) Des travaux ultérieurs

En 1946-1947, le professeur Paul Courmot à l’Institut Bactériologique de Lyon (France) avait pris l’hypothèse des formes filtrables et m’avait associée à ses recherches. 

Par des méthodes appropriées, il avait pu déceler des élément de plus en plus ténus mais encore visibles. 

Ses investigations s’étaient arrêtées à ce point, les techniques encore insuffisantes ne pouvaient apporter confirmation de l’hypothèse initiale. 

Ces recherches m’avaient passionnée et le souvenir ne s’en était pas effacé. 

Il revint en force en 1969, lorsque furent abordés les difficiles travaux sur le bacille lépreux.


IV) Les travaux à l’Université de Dakar

Après de longs et laborieux essais expérimentaux, un milieu nutritif très particulier permit d’obtenir la culture du mycobacterium Leprae. 

Le résultat rendait possible de reprendre à nouveau l’hypothèse de nos devanciers. Le microscope électronique serait en mesure de visualiser s’il existait les éléments soupçonnés mais jamais observés. 

Les travaux menés de 1978 à 1982 en collaboration avec le professeur Guy KALHEIM aboutirent aux conclusions espérées. 

Des coupes longitudinales montraient dans nombre de bacilles, la présence de nombreux éléments arrondis pressés les uns contre les autres. 

On pouvait aussi les observer en liberté. Ces éléments ne pouvaient que correspondre aux formes filtrables des anciens auteurs, élaborés par les bacilles s’échappant de la lyse bactérienne.


V) L’évolution des formes filtrables

Il importait de connaître le devenir des formes filtrables. L’ensemencement des filtrats de culture de la mycobactérie lépreuse dans milieu nutritif approprié fut suivi d’une culture comportant des bacilles acido-résistants ( BAAR). 

Il en fut de même après ensemencement de filtrats de liquides biologiques provenant de patients lépreux. 

Une conclusion s’imposait : les formes invisibles, décelables seulement en microscopie électronique, s’étaient progressivement développés pour aboutir au bacille classique. 

Divers essais ont permis de capter les formes intermédiaires lorsqu’elles avaient atteint le seuil de visibilité. 

Elles présentaient la particularité d’être réfractaires aux colorations de GRAM et du ZIEHL-NIELSEN. Elles n’étaient mises en évidence que par le ZIEHL-GRAM, coloration peu pratiquée dans les laboratoires mais qui était largement utilisée à l’institut bactériologique de Lyon.


VI) Réflexion

La mise en évidence d’un cycle vital chez M.Leprae avec pour l’une de ces étapes les formes filtrables dissipe les mystères de la maladie lépreuse.

- la contagiosité de la lèpre tuberculoïde s’explique aisément de même que le retour soudain et massif des bacilles acido-alcoolo-résistants chez les patients négativés.

- Les formes filtrables ne seraient-elles pas des éléments les plus redoutables du cycle vital de M.Leprae.

- Leur devenir dans l’organisme humain serait fonction de l’immunité des patients

. En cas de forte immunité, elles n’évolueraient pas ou très peu vers le stade des BAAR donnant les lèpres tuberculoïdes abacillaires ou pauci bacillaires.

. En cas d’immunité effondrée, une évolution massive surviendrait vers les BAAR provoquant les lèpres lépromateuse.

. Avec une immunité défaillante mais non complètement abolie, l’évolution vers les BAAR serait partielle et à l’origine de formes interpolaires.

- La négativation bactériologique apparaît comme une valeur dépassée qui ne peut mesurer vraiment l’amélioration d’un patient. Les barres ont disparu mais la lyse bactérienne a mis en liberté les formes bactériennes qu’ils pouvaient contenir et qui vont poursuivre leur action pathogène si les traitements demeurent déficients.

- On peut légitimement suggérer que les traitements antilépreux de la médecine traditionnelle du Sénégal qui ont abouti à plusieurs guérisons agissent sur toutes les étapes du cycle de M.Leprae.

- Les traitements traditionnels de la lèpre répondent à trois exigences : lutter contre l’agent pathogène, ne pas nuire (les préparations médicamenteuses n’entraînent pas d’effets indésirables), aider la nature par l’élimination des toxines, en fortifiant l’organisme, en améliorant le psychisme.

- Les médecines traditionnelles des différents Etats subsahariens détiennent des traitements antilépreux doués d’une efficacité comparable à celle des traitements pratiqués au Sénégal. Organisées selon un plan d’ensemble, elles pourraient modifier profondément la situation sanitaire dans le domaine de la lèpre. Il importe aussi de rappeler la priorité qui devrait être accordée aux traitements préventifs qui maîtrisent à la source le mal encore visible, mais qui apparaîtrait inéluctablement.


VII) Conclusion

L’hypothèse des formes filtrables émises par les premiers bactériologistes à la fin du 19ème siècle a guidé nos recherches. 

Confirmées grâce à la microscopie électronique, elle a éclairci les mystères de l’affection lépreuse et permis une autre approche de la maladie. 

Nos devanciers ont ouvert un chemin. La route s’est élargie. Il reste maintenant à mettre en place les thérapies préventives et curatives susceptibles de maîtriser progressivement l’endémie lépreuse.

Docteur Yvette Parès