samedi 25 septembre 2010

Merci à tous!

Grosses averses et orages parfois violents ont, encore, ponctué la vie de Keur Massar tout au long de ce mois de septembre avec leur lot d’inondations, de difficultés d’accès pour les patients, pour le personnel et pour les véhicules, de dommages pour les bâtiments. Pourtant, malgré les difficultés, la rentrée scolaire se prépare, les préparations au laboratoire se poursuivent et chacun a à cœur de s’engager pleinement dans sa tâche quotidienne.
















Grâce à l’aide, d’une part de la Fondation Denis Guichard (France / www.fondationdnisguichard.com), d’autre part, de l’association le Grami (Suisse), il va sans doute être possible de réparer le toit du moulin, d’acheter un stock de flacons pour le laboratoire, d’équiper peut-être les chambres du gîte et la salle de réunion de ventilateurs, d’acheter un réservoir d’eau pour le gîte et des fauteuils de travail qui faciliteront les réunions régulières à HTKM. Les sols du bâtiment administratif et des chambres du gîte auraient également besoin d’une remise en état.

Nous sommes très reconnaissants pour cette aide apportée par ces deux organismes.


Nous devons également remercier l’engagement d’Apotecaris Solidaris (www. apotecarissolidaris.org) dont plusieurs membres sont venus en août. Monsieur Bartomeu Adrover nous annonce la tenue d'une série de conférences sur la coopération internationale en matière de santé en 2011 en Espagne et nous voulons lui assurer que Keur Massar y prendra part d’une façon ou d’une autre, avec une grande joie.

Enfin, nous n'oublions pas les amis Nadège, Arnaud et Thierry pour leur grande amitié et la constance de leur attention en faveur de ce lieu de soin, d’accueil et d’éducation.


Djibril Bâ



Relire Madame Parès (3)

En nous excusant pour la petite taille des caractères et en remerciant www.afrik.com cette nous partageons cette interview de Madame Parès sur:

La médecine traditionnelle pour soigner le Sida

Pr Yvette Parès (1924-2010), initiatrice de l’hôpital Keur Massar au Sénégal

La médecine traditionnelle africaine pourrait conduire à la guérison clinique du sida. Le Dr Yvette Parès, ancien professeur à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, directrice du Centre de Recherches Biologiques sur la Lèpre et fondatrice de l’hôpital traditionnel de Keur Massar, milite pour la reconnaissance d’une médecine vivante muselée par l’orgueil et l’argent. Celle qui a suivi une formation de 15 ans pour devenir tradithérapeute explique que les traitements issus de la science africaine sont infiniment plus efficaces et pertinents que la trithérapie. Interview

Soigner le Sida par la médecine traditionnelle. Une tâche on ne peut plus à la hauteur des tradithérapeutes africains, à en juger les résultats avancés par le Pr Yvette Parès, fondatrice de l’hôpital traditionnel Keur Massar, près de Dakar (Sénégal). La chercheuse française, Dr en science et en médecine, a été formé initialement à l’école occidentale. Ancien professeur à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, elle a par ailleurs été, pendant 17 ans, directrice du Centre de Recherches Biologiques sur la Lèpre de Dakar. Parmi une des rares personnes occidentales à avoir été acceptées par les tradithérapeutes africains, elle a passé 15 ans à apprendre la médecine traditionnelle qu’elle défend depuis plus de 25 ans. Notamment face au Sida. Moins chère, moins contraignante pour le patient et plus efficace, elle reste toutefois marginalisée par l’Occident qui la sous-estime.


Afrik.com : Comment avez-vous découvert la médecine traditionnelle ?

Pr Yvette Parès : Ce sont les résultats de mes recherches scientifiques qui m’ont orientée vers la médecine africaine. Je travaillais sur la lèpre et nous avions montré que les plantes antilépreuses des thérapeutes africains étaient très efficaces et que, par contre, le traitement occidental était très déficient et donnait, en plus, de graves accidents secondaires. Je me suis alors trouvée devant un dilemme : fallait-il laisser souffrir les malades sans rien faire ou essayer de demander le renfort des thérapeutes africains ? Ce que je voulais, c’était arriver à sauver des malades. Je cherchais juste des traitements efficaces. C’était mon seul critère. Et comme les Africains avaient de bons traitements, j’étais prête à m’incliner devant leur science.

Afrik.com : A l’hôpital Keur Massar, que vous avez créé en 1980, il n’y a que des traitements issus de la médecine traditionnelle. Pourquoi avoir complètement écarté la médecine occidentale ?

Pr Yvette Parès : Quand on fait quelque chose, il faut être loyal. Parallèlement à mes fonctions au sein de l’Université et du centre de recherche, je travaillais avec des thérapeutes qui m’enseignaient la médecine traditionnelle. Je n’allais pas avoir le toupet de faire entrer des médicaments européens dans cette structure. De toute façon, si je l’avais fait, les thérapeutes seraient immédiatement partis. Je ne vois pas pourquoi, voyant que les traitements étaient bons, j’aurais mélanger les deux choses.

Afrik.com : En tant que femme européenne blanche, comment avez-vous réussi à vous faire accepter par les thérapeutes traditionnels ?

Pr Yvette Parès : Oh, c’est un miracle ! Il est extraordinaire que des thérapeutes africains aient fait confiance à une étrangère, d’autant plus qu’elle représentait, il faut le dire, le pays colonisateur. Il y a tout un concours ce circonstances qui a fait que les grands maîtres sénégalais m’ont acceptée. Et c’est un très grand maître Peul, Dadi Dialo, qui m’a accueillie.

Afrik.com : En quoi consiste cette formation ?

Pr Yvette Parès : Il faut 15 ans de formation pour devenir un bon thérapeute. La formation est très dure. Il faut apprendre énormément auprès d’un maître qui est d’une sévérité terrible. Il faut d’abord aller cueillir les plantes en brousse. On se lève très tôt et on travaille beaucoup. Il faut connaître les plantes, savoir où il faut les trouver, ensuite il faut apprendre à faire les médicaments. Il y a une somme considérable de médicaments à apprendre. Il faut apprendre l’art pharmaceutique, puis l’art médical : comment examiner les malades, il y a des tests spécifiques en médecine africaine. Pour les Africains, en tant qu’occidentale, je reste un peu étrangère à cela. Il y a également une dimension mystique où ils apprennent les cérémonies pour les maladies mentales et à connaître les mauvais sorts.



Afrik.com : Comment expliquer la méfiance des médecins traditionnels africains à l’égard de leurs homologues occidentaux ?

Pr Yvette Parès : Mais c’est normal. Les Blancs sont des pillards. Si vous dites un secret à un Blanc, il va vite le dire à des multinationales qui vont venir piller vos ressources. Les Occidentaux ont leur médecine, leurs universités. Et puis qu’est ce que ça veut dire donner des recettes, il faut d’abord savoir les utiliser. La médecine africaine, ça s’apprend.

Afrik.com : Y a-t-il des médecins occidentaux qui regardent d’un très mauvais œil la médecine traditionnelle ?

Pr Yvette Parès : Les médecins occidentaux qui regardent d’un mauvais œil la médecine traditionnelle sont des ignorants. On n’a pas le droit de juger quelque chose qu’on ne connaît pas. Pourquoi se croire supérieurs ? Je n’ai jamais entendu un maître africain dire du mal de la médecine occidentale. Ils disent : « que chacun fasse ce qu’il sait faire ». Mais sous-entendu aussi qu’ils les laissent travailler en paix. Les thérapeutes africains sont les médecins de la médecine africaine. Je ne sais pas pourquoi on a monté au pinacle la médecine de l’occident, qui n’a que 60 ans d’âge.



Afrik.com : La science pharmaceutique africaine est-elle complexe ?

Pr Yvette Parès : Oh oui, c’est très compliqué ! Au départ, j’étais très inquiète. Je me suis demandé durant plusieurs années si j’arriverais à maîtriser cet art là. Et puis un jour on mûrit, et on le fait. Au début, je prenais des notes, car je n’ai pas la culture africaine, qui développe une mémoire extraordinaire. Mon maître, Dadi Gano, riait d’ailleurs de moi. En fait, si la science est complexe, les moyens matériels sont simples et adaptés à la brousse. Ce sont des marmites, des mortiers, des pilons, des bouteilles, de quoi faire du feu. Et avec cela vous pouvez faire tous les médicaments : la lèpre, les tuberculoses, les hépatites, le sida… Pas besoin de dépenser des sommes folles pour fabriquer des gélules. C’est adapté au pays. On peut immédiatement, avec les ressources naturelles, sauver les gens. Il n’y pas besoin d’aller commander des produits à l’étranger, les choses sont sur place.

Afrik.com : Quand on vous entend en conférence, vous vous montrez très critique par rapport aux traitements occidentaux du sida

Pr Yvette Parès : Les antirétroviraux sont des solutions d’attente. Ils sont trop toxiques et on les prescrit quand les personnes sont déjà très malades. Et le malade doit être constamment suivi. Ils provoquent des accidents secondaires ou occasionnent de telles douleurs que les gens en arrivent parfois à se suicider. Mais cela, on ne le sait pas. Alors on dit : « Accès aux antirétroviraux pour tout le monde ». Mais ça ce sont des informations des multinationales qui veulent gagner des milliards avec la maladie. La trithérapie me met en colère, parce que c’est une désinformation épouvantable.



Afrik.com : Le sida est une maladie relativement nouvelle. Y a-t-il de la recherche en médecine traditionnelle ?

Pr Yvette Parès : Les grands maîtres de la médecine traditionnelle sont capables de recherches thérapeutiques. Quand il y avait la menace du Sras, j’avais demandé à mes collaborateurs ce qu’on allait faire. Ils ont répondu : « on connaît les symptômes et quand la maladie sera là, on va la soigner ». Quand le sida est arrivé au Sénégal, nous n’allions pas rester les bras croisés : chacun s’est mis à la recherche. On a choisi des plantes médicinales et on a commencé à mettre au point nos traitements. Nous n’allions pas laisser les malades sans rien alors que nous avons plein de plantes antivirales, antibactériennes, antidiurétiques ou contre les troubles psychiques.

Afrik.com : Quand on parle de recherches médicales, on parle d’essais thérapeutiques. En pratiquez-vous ?

Pr Yvette Parès : Quand vous utilisez des plantes non toxiques, vous vous dites qu’au pire cela ne fera rien et qu’il n’y aura pas d’accident secondaire. Comme on mettait beaucoup de plantes antivirales et antibactériologiques pour protéger contre les maladies virales et les maladies opportunistes, il y avait toutes les chances pour que l’on trouve les bonnes formules. Et c’est ce qui s’est passé. Mais je dirais qu’il y a peut être des gens qui font encore mieux que nous.



Afrik.com : Aujourd’hui, quels sont les taux de réussite que vous enregistrez par rapport au VIH ?

Pr Yvette Parès : Le taux de réussite est un concept occidental. Si vous venez à temps, vous vous en sortez. Dans mes publications, j’ai indiqué l’état dans lequel les malades viennent en général. Nous les conduisons à ce qu’on appelle la guérison clinique. C’est à dire qu’ils ont l’air en aussi bonne santé que nous tous. Mais quand ils nous disent : « Nous sommes guéris ! », je leur réponds que : « Vous êtes très bien mais continuez le traitement par sécurité. Comme c’est un rétrovirus qui peut faire des décharges plus tard, il ne faut pas qu’il y ait une rechute ». Donc ils continuent le traitement. Mais comme le traitement consiste à avaler un verre à thé de décoction avant et après le repas, en quoi cela les dérange ? Ça ne donne pas d’accident secondaire, ça n’a pas mauvais goût et ce n’est pas contraignant.

Afrik.com : Quand on dit que la médecine traditionnelle est efficace contre le sida, on se heurte forcément à un fort scepticisme…

Pr Yvette Parès : Les gens sont sceptiques parce que nous avons été élevés dans l’idée qu’il n’y a que nous (les Occidentaux, ndlr) qui sommes bien. Les gens sont sceptiques parce qu’ils sont ignorants, pas forcément par mauvaise volonté. Les Occidentaux ont subi un lavage de cerveau et pour bien appréhender la médecine traditionnelle il faut franchir un certains nombre d’obstacles mentaux érigés par notre éducation. En arrivant en Afrique, je pensais que les Africains n’avaient rien. Je pensais leur apporter des choses merveilleuses…



Afrik.com : Quel est le prix de traitements de la médecine traditionnelle, comparé à celui de la médecine occidentale, notamment pour le Sida ?

Pr Yvette Parès : Les traitements traditionnels ne sont pas chers. Entre les prix des multinationales et faire bouillir des plantes, il n’y a pas photo. Pour le Sida, je dirais qu’on donne les traitements aux malades pour rien. On leur dit de donner ce qu’ils peuvent, s’ils ne peuvent pas, on laisse.

Afrik.com : Les résultats que vous avancez semblent remarquables. Comment se fait-il qu’ils ne soient pas plus connus et reconnus ?

Pr Yvette Parès : Parce qu’ils ont été combattus par les médecins occidentalisés.

Afrik.com : Mais quel est leur angle d’attaque pour combattre ces traitements, s’ils s’avèrent efficaces ?

Pr Yvette Parès : Leur angle d’attaque est qu’ils ne veulent pas perdre leur pouvoir, ni l’argent corrupteur qui vient de l’étranger. Il y a eu à Dakar, en 1999, le 1er congrès sur les médecines traditionnelles sur le VIH sida, organisé par le ministère de la Recherche scientifique. Il y avait le ministre de la Santé, tous les médecins, des représentants de l’OMS, de l’Onusida. J’ai fait des exposés en tant que dirigeante d’atelier et il y a eu des exposés de femmes tradithérapeutes, mais ça n’a rien fait bouger. En 2006, c’est pareil !



Afrik.com : Sur quels arguments se basent-ils pour dire que ces traitements ne sont pas bons ?

Pr Yvette Parès : Aucun ! L’orgueil et la vanité de ne pas perdre le pouvoir. Il y a un mépris du malade. Quand les Américains sont arrivés en Afrique pour essayer toutes leurs molécules chimiques, les plus mauvaises et les plus nocives, les médecins occidentalisés disaient à l’hôpital : « le matériel humain ne coûte rien ». Pendant ce temps, j’avais parlé à la télévision en 1988 pour dire que la médecine traditionnelle africaine offrait de l’espoir. Mais mon message n’a pas été entendu. Ce sont les médecins occidentalisés qui bloquent l’avancée de la santé en Afrique.

Afrik.com : Les traitements du sida sont-ils tous réalisés à partir des mêmes plantes ?

Pr Yvette Parès : A Keur Massar, nous avions un thérapeute sossé (région de la Casamance) qui avait son traitement, un autre toucouleur (région du fleuve) qui avait son traitement et moi, j’ai appris à en mettre au point avec des plantes de Dakar et des environs. Il y a d’autres thérapeutes qui ont leur propre traitement avec leurs propres plantes. Imaginez alors ce que ça pourrait donner si toute l’Afrique s’y mettait, si le monde entier s’y mettait : l’Inde, la Chine, l’Asie du Sud est, les Caraïbes, les amérindiens ! Nous aurions une quantité de traitements du sida. Parmi tout cela, il y aurait des personnes qui finiraient par trouver les traitements les plus merveilleux : ceux qui tueraient le virus.

Afrik.com : Quel est votre souvenir professionnel le plus émouvant à Keur Massar ?

Pr Yvette Parès : C’est de voir les lépreux reprendre visage humain. C’est de voir les gens atteints du sida, qui arrivaient dans un état psychique épouvantable, redevenir des gens normaux. Ils me remerciaient en une phrase qui résume tout : « Maintenant, je dors bien ». C’est une fantastique récompense pour un thérapeute.

Afrik.com : Que préconiseriez-vous aujourd’hui par rapport au développement et à la reconnaissance de la médecine traditionnelle ?

Pr Yvette Parès : Que chaque pays se réveille. Il faudrait des voix de grande vertu pour éveiller les consciences et motiver les gens pour qu’ils fassent ce qu’ils savent faire. Par ailleurs, il y a tellement de malades qu’il faudrait que les gouvernements organisent le reboisement et entretiennent les ressources naturelles dans la brousse. Qu’ils assurent des cultures de plantes médicinales, sans engrais et sans pesticides. Il faudrait également recommander aux paysans de faire beaucoup de compost pour assurer une bonne qualité des sols.

vendredi 17 septembre 2010

Relire Madame Parès (2)

Nous continuons de mettre en ligne les références ou les témoignages que plusieurs personnes nous transmettent sur les articles ou les interviews de Madame Parès. Merci à toutes et à tous pour vos apports.


Samedi 31 juillet 2010 , par Christian PORTAL

Nous apprenons avec tristesse la disparition d’Yvette Parès qui fut l’une de nos conférencières lors du colloque « Pour une médecine écologique ». Elle a été à l’origine d’une démarche en faveur des médecines traditionnelles que je ne cesserai pas de relayer.

Par son action, elle a rendu un service considérable à l’Afrique, bien plus considérable que tous les organismes d’aide et de soutien qui ne sont en fait que des entreprises néocoloniales. Le but n’est pas de substituer les connaissances ancestrales des peuples traditionnels par des techniques modernes mais bien de redonner la confiance et la fierté pour ces savoirs. Le principal problème rencontré est la confiance aveugle des peuples colonisés dans la technologie des « blancs » alors qu’ils disposent de connaissances prodigieuses.

Je forme le vœu que le travail, sans relâche, de notre amie Yvette Parès finisse par aboutir et que l’Afrique puisse se réapproprier son autonomie.




Plusieurs articles de Madame Parès sont à lire sur le site de Pour une médecine écologique (http://www.medecine-ecologique.info/?articles-d-yvette-pares):




- Médicaments: la pollution imprévue (27 juin 2009)

- Réflexions sur les programmes sanitaires mondiaux (5 avril 2009)

- Médecines vertes contre la grippe. Plantes médicinales et principes actifs (13 avril 2009)

- Vers une mondialisation bénéfique (4 septembre 2009)

- Ecologie et médecine par la santé, une âme pour l'Europe (26 septembre 2009)

- Quelle antibiothérapie pour demain? (6 octobre 2009)

- Médecine: les dérives survenues (6 octobre 2010)

- Médecine et respect de l'environnement (12 octobre 2010)

- Sida, incertitudes et problèmes thérapeutiques (20 octobre 2009)

- Un autre regard sur les médecins de famille (23 novembre 2010)


D'autres articles recoupant ou complétant les articles ci-dessus sont disponibles sur le site:

http://medecinesymphonique.wordpress.com

samedi 11 septembre 2010

Relire Madame Parès (1)

Au moment où Rencontre des Médecines, l'ONG fondée par Yvette Parès en 1981, connait un nécessaire renouveau pour donner de nouvelles perspectives à l'Hôpital Traditionnel de Keur Massar, il n'est pas inutile de découvrir ou de relire les ouvrages de Madame Parès. Nous nous permettons d'emprunter à son éditeur à la fois son message d'amitié, mais aussi sa présentation des trois ouvrages de Madame Parès publiés jusqu'à ce jour.

Ces ouvrages peuvent être commandés sur le site de la maison d'édition

Yves Michel
Créateur des éd. Souffle d'or et Yves Michel, Yves Michel est éditeur depuis 1983. Précurseur, homme de conviction, il participe activement à l'évolution de la société en tant qu'éditeur et à tire personnel dans le milieu associatif et en tant qu'élu.
imghttp://www.yvesmichel.org

Yvette Parès aux Editions Yves Rocher

Yvette Parès, l’une de nos auteurs, est décédée…

Yvette Parès, l’auteur entre autres de Médecine africaine, une efficacité étonnante, et plus récemment de Perles de sagesse de la médecine traditionnelle africaine, vient de s’éteindre en paix. Nous déplorons son départ, elle qui fut une infatigable avocate des médecines traditionnelles (africaine en particulier) face à l’arrogance et aux échecs de la médecine occidentale. Nous rendons hommage à son œuvre, en particulier en créant l’hôpital de brousse de Keur Massar.

Nous vous invitons à lire ou à relire ses livres dont la philosophie nous interpelle profondément sur notre position, à nous autres occidentaux ; non pas dans une démarche d’accusation, mais de sensibilisation, de prise de conscience, et d’invitation à une fécondation métissée.

Je l’ai publiée car j’ai été touché par cette femme de cœur, sans me faire de grandes illusions sur la vente de son premier livre ; or il advint que Jacques Pradel lut son livre pendant ses vacances, eut aussi un coup de cœur et l’interviewa sur Europe 1, ce qui fit vendre près de 1 500 exemplaires !
Que son œuvre perdure !

Yves MICHEL, son éditeur.

Cet article a été publié par Yves Michel le Lundi 2 août 2010 sur http://www.yvesmichel.org

La médecine africaine : une efficacité étonnante

Le parcours d’une pionnière

Pr Yvette Parès


La médecine africaine : une efficacité étonnante
Yvette Parès arrive à Dakar en 1960. Chercheur en biologie et médecin, elle parvient la première à cultiver le bacille de la lèpre. Cependant les résultats obtenus auprès des malades la déçoivent.

Sa rencontre avec un grand maître guérisseur peul, Dadi Diallo, change profondément son regard sur la médecine occidentale. Elle découvre la puissance thérapeutique des plantes africaines : récolte, préparation, prescription. La différence est fulgurante : d’un côté une médecine occidentale qui engendre beaucoup de méfaits (germes résistants, maladies infectieuses plus coriaces, maladies nosocomiales …) et de l’autre, une utilisation efficace des plantes africaines, une parfaite structuration des traitements, et des résultats concrets !

La création de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar réhabilite la médecine traditionnelle africaine. C’est cette fabuleuse aventure humaine qui nous est racontée. Et après 20 ans d’activité, un bilan apparaît : des résultats remarquables des traitements antilépreux ; prévention de la lèpre infantile, de différentes maladies infectieuses bactériennes, la tuberculose ; et aussi l’essor de la pharmacopée traditionnelle, la création d’associations de tradipraticiens …

« Notre souhait le plus profond est que ce témoignage porté sur la médecine traditionnelle africaine suscite de nouvelles conceptions et réalisations pour la santé du monde en mobilisant les savoirs, les intelligences et les cœurs dans un vaste mouvement planétaire. Ne serait-ce pas la meilleure des mondialisations ?».

Une expérience exceptionnelle qui ouvre de nombreux espoirs.

Yvette Parès a été professeur à l’Université de Dakar pendant 32 ans. Elle a dirigé l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar depuis 1980.

Perles de sagesse de la médecine traditionnelle africaine

Pr Yvette PARES

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Entourée de praticiens de la médecine traditionnelle africaine, Yvette Parès découvre la puissance thérapeutique des plantes contre certaines maladies, notamment la lèpre. Au milieu de la brousse sénégalaise, sa pratique s’éloigne définitivement de la science occidentale pour tout réapprendre des thérapeutes traditionnels, formés de génération en génération dans l’art de soulager et de guérir. Sous formes d’anecdotes, elle nous livre dans cet ouvrage ses souvenirs : les rencontres, les bonheurs, mais aussi les difficultés auxquelles elle et son équipe ont été confrontés depuis la création en 1980 d’un Centre de Soins anti lépreux, devenu plus tard l’Hôpital Keur Massar. De la cueillette de noix de cajou dans un darkassou à l’invasion d’abeilles lors d’un repas dans la brousse sénégalaise, de la guérison de Petite Marguerite au patient mordu par un serpent, de la fête des ancêtres aux grenouilles orphelines, Yvette Parès dessine autant d’épisodes de la vie africaine pris sur le vif. Une introduction à la philosophie de vie des Africains. Une grande leçon d’humanité pour nous.

Yvette Parès, chercheuse au CNRS, docteur en sciences naturelles, microbiologiste, obtient son doctorat en médecine à l’Université de Dakar. Ses travaux scientifiques mettent en évidence les capacités des plantes réputées anti-lépreuses. Elle rencontre le grand maître Dadi Diallo qui lui fera découvrir la richesse de la médecine traditionnelle.


SIDA, de l’échec à l’espoir

Le regard d’une scientifique, médecin et tradipraticienne

Pr Yvette PARES

Le SIDA a progressé sans entrave depuis son émergence en 1981. Tous les plans d’action des pays occidentaux ont échoué; sa pharmacie industrielle aussi.

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Yvette Parès partage ses réflexions et observations, connaissant à la fois la médecine occidentale et la médecine traditionnelle du Sénégal. Elle dénonce succintement les traitements qui ont été mis au point par l’industrie pharmaceutiques, leurs dérives, leur manque de fiabilité à long terme, la désinformation, le marché du médicament et le patient devenu matériel humain, les conséquences de la maladie sur la vie économique et sociale des pays les plus atteints.

Ce constat d’échec ne doit cependant pas décourager nos efforts, ils doivent changer de cible et s’orienter vers la recherche de voies neuves et hardies s’ouvrant à des thérapies véritablement efficaces. Il ne s’agit pas de vue utopique mais de possibilités qui seraient à portée de nos mains si des obstacles nombreux ne venaient y faire barrage. Des résultats prometteurs déjà obtenus sont, à ce jour, délibérément ignorés par l’Occident.

Le chemin d’espoir serait d’ouvrir d’autres voies thérapeutiques, consistant, partout dans le monde et selon les flores locales, comme c’est déjà le cas au Sénégal, à élaborer des préparations medicamenteuses répondant aux exigences de la pandémie.

Yvette Parès, médecin, auteure de « La médecine africaine, une efficacité étonnante », a été professeur à l’Université de Dakar pendant 32 ans. Elle a dirigé l’Hôpital traditionnel de Keur Massar depuis 1980.

mercredi 1 septembre 2010

Bilan et perspective de la médecine traditionnelle

Sans doute, et malheureusement, « de tout temps, il y a eu des cultures jugées primitives par d’autres, autoproclamées civilisées. De tout temps, les premières, pour se faire admettre par les secondes, ont dû se plier à leurs normes sociologiques, culturelles et scientifiques, tout en s’éloignant à contrecœur de leur propre histoire naturelle. Même si les paroles d’un homme médecin valent bien celles d’un visiteur médical, il reste préférable de cacher les plumes et les tatouages sous le costume et la cravate, si possible eux-mêmes recouverts d’une blouse blanche, si l’on veut avoir des chances de paraître sérieux aujourd’hui »
("Médecine, Humanisme et Tradition" Conférence présentée par Patrick Shan au Congrès Mondial de Médecine Traditionnelle Chinoise, Paris, le 2 Octobre 2005).




Certes, mais le pire des ennemis est celui de l’intérieur, c’est le déraciné. L’acculturé, c’est celui qui se déguise. Or tout déguisement n’est-il pas tout simplement comique, voire tragi-comique ?


Comme précédemment annoncée, la huitième journée africaine de la médecine traditionnelle a été célébrée, hier mardi, 31 août 2010, par le Ministère de la Santé, l’OMS et les tradipraticiens. Le thème retenu se proposait de faire un bilan: le bilan des actions menées en dix années en rapport aux espoirs légitimement nourris au départ.



En effet, comment continuer à ignorer la médecine traditionnelle si l’on sait que plus de 80% de la population africaine a recours à la médecine traditionnelle, plus de 25% des produits pharmaceutiques sont à base de plantes médicinales.?

Mais encore comment faire l’impasse sur la sécurité de millions de malades quand on sait que plus de 25% des produitspharmaceutiques distribués en Afrique subsaharienne sont d’origine douteuse ? En outre, comment continuer à renier sa culture quand on sait que la médecine traditionnelle est un aspect – sans doute le plus important – dans toute civilisation ?


C'est sans doute là un anachronisme, dont l'Afrique n'est pas à un près. Je devais dire compromission....qui compromettent d'autant la linéarité du fameux chemin du non moins fameux développement.




Après le discours de bienvenue du chef du SNEIPS qui a rappelé que les médecines dites modernes et traditionnelles ne sont pas contradictoires, mais bien complémentaires, le représentant de l’OMS s’est réjoui de constater que plus de la moitié des Etats africains ont élaboré des politiques de santé intégrant la médecine traditionnelle ou des cadres réglementaires de l’exercice de la médecine traditionnelle, ont intensifié la recherche sur les plantes médicinales efficaces contre le paludisme, le diabète, l’hypertension, la drépanocytose et les affections opportunistes du sida, ont favorisé la production de médicaments issus de la pharmacopée et l’intégration des tradipraticiens dans les systèmes officiels de santé.


L’OMS, tout en invitant les Etats à augmenter leur apport dans le domaine pour le développement de la recherche, propose son appui pour le développement de la médecine traditionnelle qui requiert plus que jamais un renforcement des capacités des acteurs, une meilleure application des réglementations pour garantir l’innocuité des médications, la protection des savoirs, mais aussi une plus grande promotion et un appui renforcé en vue de favoriser la découverte de nouveaux médicaments.

A sa suite, le directeur de cabinet du Ministre de la Santé a souligné que la célébration de cette journée était la preuve d’un ancrage dans nos coutumes ancestrales, mais également de l’engagement des autorités pour renforcer et promouvoir l’impact de la médecine traditionnelle. La célébration de cette huitième journée africaine coïncide avec un double anniversaire, celui de la déclaration d’Alma Ata et la fin de la décade de la médecine traditionnelle. Le résultat en est qu’au Sénégal, par rapport à la reconnaissance officielle de la médecine traditionnelle, un vaste courant d’opinions et une volonté politique favorable s’affirment de plus en plus.


Le porte-parole du jour des tradipraticiens a interpelé les autorités sanitaires sur la sécurité des patients et des praticiens en * arrêtant le désordre* qui sévit dans le milieu.


La responsable de la médecine traditionnelle a, dans son exposé, identifié les deux défis majeurs à relever : la mise en place d’un cadre juridique réglementant l’exercice de la médecine traditionnelle ET la mise en œuvre du plan stratégique de développement de la médecine traditionnelle.



Au cours des débats, les tradipraticiens ont chacun appelé à l’unité d’action, car la santé est le premier facteur de développement et, à ce titre, mérite d’être bien préservée. Seule, diront-ils, cette collaboration interprofessionnelle peut décrocher le soutien de l’Etat. Ils ont demandé à ce que la représentation parlementaire soit étroitement associée à l’organisation de ce genre de rencontres. Pour certains, c’est l’absence de volonté politique qui est la cause du retard observé dans le vote de la loi. Un retard qui favorise la publicité mensongère.

En appelant au financement des recherches des tradipraticiens, il faut promouvoir également le partage des connaissances entre eux pour faire progresser la médecine traditionnelle.

Le vrai guérisseur doit être toujours au service de la population, tout son espoir ne doit pas être concentré dans le vote de la loi. Il faut rechercher de nouvelles solutions, même si par ailleurs, la vacuité juridique pose problème.



Souleye Ngom a tenu à saluer la mémoire du Professeur Yvette Parès qui, à travers la création de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, a redonné à la médecine traditionnelle africaine toute sa noblesse. Il a appelé ses collègues thérapeutes à éviter *de mettre l’argent au-dessus de tout* et *de rester honnêtes envers eux-mêmes et la société*.












L’OMS a invité les autorités à insister sur la nécessité d’adopter la loi, mais de ne pas se concentrer exclusivement sur cet aspect. Il existe plusieurs moyens de faire avancer la médecine traditionnelle comme par exemple revaloriser les plantes médicinales en multipliant le nombre de centre de recherches en pharmacopée.

Selon les autorités, les représentants du peuple sont bel et bien invités à chaque fois, mais ils ne répondent jamais. La présence de la presse montre que l’objectif de promotion est atteint. Les autorités ont salué la pertinence de l’idée de collaboration, car le combat contre les charlatans doit être continu, à l’image du bien contre le mal. La sensibilisation doit débuter tout d’abord au niveau des associations des tradipraticiens. La lutte pour l’adoption du projet de loi portant réglementation de l’exercice de la médecine traditionnelle est toujours en cours. Ce n'est pas un problème facile à résoudre malgré les résultats positifs enregistrés par la médecine traditionnelle. Il faudra revoir le programme stratégique de développement de la médecine traditionnelle.

En rappelant la loi qui punit le contrevenant, les autorités ont dit leur ferme volonté de combattre la publicité tapageuse et mensongère.

Pour l'Hôpital Traditionnel de Keur Massar
Djibril Bâ