mardi 28 août 2012

La chronique du mardi au jardin botanique: le Calotropis procera


 
LE POMMIER DE SODOME

Le Calotropis procera - ou pommier de Sodome -est une espèce typiquement forestière mais ayant une prédilection pour les terrains arides, sablonneux du Sahel.

Elle se présente sous la forme d’un arbuste avec de grandes feuilles douces au toucher. Sa floraison mauve pâle donne des fruits sous forme de boules vertes très légères surnommées pommes de Sodome.

Elle est considérée comme un poison végétal à cause de son latex très irritant et qui a le don de déclencher des allergies violentes.



Cet usage précautionneux peut accréditer, par ailleurs, les vertus médico-magiques qui lui sont attribuées. C’est sous ce rapport qu’il convient de ranger certaines propriétés qui lui sont prêtées notamment en tant qu’antidote et abortive.

Ce qui n’empêche pas que la plante fasse l’objet d’applications thérapeutiques et autres. 

Son bois très léger est surtout utilisé dans la confection des charpentes des cases et les selles.

Elle est utilisée comme caille-lait, galactogène et répulsive.

Du point de vue strictement thérapeutique, la plante est une plante médicinale très réputée  comme  anti hémorroïdaire, expectorante, laxative, anti vomitive, vermifuge…

Les feuilles sont utilisées en massage par les nouvelles mamans, contre les paralysies, les douleurs rhumatismales, les tumeurs.

A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, le calotropis est une plante antilépreuse.
Mais, par prudence voulue, elle n’entre dans la composition d’aucun autre traitement.

Djibril Bâ

mardi 21 août 2012

La chronique du mardi au jardin botanique: l'oranger de brousse



L‘ORANGER DE BROUSSE

Sous cette catégorie, nous allons présenter deux espèces différentes qui ont été au centre d’une fameuse controverse entre une délégation des Amis de la Nature - une ONG sénégalaise - et les jardiniers de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar : il s’agit de l’Arbre de Bael et du Strychnos spinosa. 


A la décharge des uns et des autres, les deux espèces produisent des fruits que l’on peut parfaitement confondre. Très bonnes sources de vitamine C, il s’y ajoute que leurs propriétés thérapeutiques sont aussi d’une similitude troublante. Si bien qu’il est parfaitement raisonnable de soutenir que les deux plantes sont bien substituables !


I - Le STRYCHNOS SPINOSA

Le Strychnos spinosa est une espèce typiquement forestière et fruitière. Des projets de la cultiver existent, cependant. C’est un arbuste épineux d’un très bel aspect qui évoque le jujubier au plan du feuillage et des épines.

On le retrouve le plus souvent dans les zones suffisamment drainées, dans les Niayes ou au Sud du Sénégal.

Son bois se prête à de multiples façonnages.

Ses fruits abondants présentent une coque très dure et une belle couleur orange à maturité et sont  très prisés par les animaux sauvages. Ce qui est la cause de leur rareté sur le marché.

Il fait partie des essences médicinales africaines les plus prisées ailleurs,  notamment au Moyen-Orient.

C’est que le strychnos est une plante médicinale fort réputée ! On la présente comme sérum antivenimeux, très bon antispasmodique, anti diarrhéique et excellent purgatif.

Il est également utilisé comme antipaludéen et galactogène.

La phytothérapie moderne s’intéresse davantage à son huile essentielle pour son effet contre la maladie du sommeil.

A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, le strychnos est indiqué contre les problèmes de nerfs et les dermatoses. On l’emploie aussi comme fortifiant pour les enfants.

On ne manquera pas cependant d’alerter sur son statut d’espèce en danger du fait que l’on a tendance à utiliser plutôt ses racines.


II- L’ARBRE DE BAEL

De son nom scientifique Aegle Marmelos, l’arbre de Bael est une espèce introduite depuis l’Inde où elle jouit d’une grande considération à la fois médicale et religieuse.

Doté d’un feuillage permanent, il évoque fortement le Carissa edulis, mais on le confond, volontiers, avec un agrumier dont il est issu de la même famille. Le premier spécimen de notre jardin nous est parvenu d’ailleurs dans un lot de porte-greffes…

Espèce épineuse domestique aux multiples usages, elle produit des fruits appelés coings ( !) du Bengale, coque dure et couleur orange à maturité, qui font l’objet eux aussi de plusieurs applications culinaires.


Entre sa floraison et sa fructification, il s’écoule une année ! I
l nous a été donné d’observer cette année sa floraison très odorante dans notre jardin et nous avons été impressionnés par le nombre et la variété d’insectes qui ont envahi l’arbre. Rendez vous l’an prochain, donc, pour les fruits !

En tant que plante médicinale et aromatique, on utilise tout aussi bien ses feuilles, ses racines, ses écorces que ses fruits.

On sollicite ainsi ses vertus digestive et laxative, anti diarrhéique et antispasmodique, antiparasitaire et antiasthmatique, astringente et antidiabétique…

C’est à juste titre donc qu’elle aussi suscite l’intérêt de la  phytothérapie moderne en tant qu’anti bactéricide et réservoir d’antioxydants.

A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, la plante est aussi indiquée contre le rhume.

Djibril Bâ

mardi 14 août 2012

La chronique du mardi au jardin botanique: le Cassia tora

LE CASSIA TORA


C'est une herbe qui pousse pendant l’hivernage aux alentours des habitations ou dans les dépressions de terrain qui accueillent l’eau de ruissellement, sans qu’elle soit le premier choix du bétail !

Elle pousse très rapidement juste après l’hivernage et se prête tout aussi facilement au jardinage. Présente en colonies touffues, la plante atteint une bonne hauteur avant de se couvrir d’une belle floraison jaune pour donner des gousses fines et longilignes remplies de graines, très semblables aux fruits du Cassia occidentalis et comme elles, elles donnent du très bon café.

Ses feuilles produisent - au froissement -  une odeur peu ragoutante et sont très prisées dans la préparation de sauces accompagnant le couscous du soir dans les villages. A cet effet, on remarque qu’elles sont bouillies une première fois pour être prêtes à entrer dans la composition de la sauce.

Cette plante est d’ailleurs identifiée comme plante ressources par divers organismes militant en faveur de la réduction des difficultés alimentaires des populations du Tiers-Monde.

Plante antifongique, elle est également vulgarisée comme pesticide naturel.

Ses tiges longilignes sont tissées pour en faire des palissades et des clôtures.  

Le Cassia tora est une plante médicinale même si sa réputation est très discrète.

On conseille d’en avaler 7 graines pour 7 années de prévention de maladies oculaires !

Autrement, on emploie ses racines, ses feuilles et ses graines aussi bien par voie externe que par voie interne contre les dermatoses, la fièvre, les hépatites et les hémorroïdes.

On lui reconnait, encore, des vertus contre les problèmes de digestion et des nerfs.

A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, le Cassia tora, une plante antilépreuse, est surtout reconnue pour ses propriétés vermifuge, dépurative et tonique digestive.

Djibril Bâ

lundi 13 août 2012

Nouveaux savons


Diversifier les savons produits par l'Hôpital, avec leurs qualités thérapeutiques ou dermatologiques, en diversifier la forme, la couleur selon les plantes utilisées: nouvelle direction de recherches pour le laboratoire.




Réfléchir sur l'emballage, sur les indications à y apporter. Faire des essais et voir commet le séchage fait apparaître tel ou tel aspect, tel ou tel grain.



dimanche 12 août 2012

Les stagiaires de l'Hôpital

Isabel de Montéal, infirmière
L'Hôpital Traditionnel de Keur Massar reçoit de plus en plus de demandes de stagiaires venant d'un peu partout ainsi que du Sénégal, des jeunes et des moins jeunes qui s'intéressent à cette approche traditionnelle africaines des soins par les plantes.


Hortense de Lyon, pharmacienne et ingénieure













Ces stagiaires - dont la présence peut s'étaler sur plusieurs mois comme Hortense - passent par différentes étapes: travail au jardin, y compris plantation, reconnaissance des plantes, cueillette, récolte, séchage, pilage, mélanges, élaboration de nouveaux produits comme les savons par exemple, échanges avec les tradipraticiens à propos de patients, ...
Ursula de Paris, nutritionniste et artiste


L'été, il fait très chaud à Keur Massar. Chacun attend la pluie de l'hivernage. L'après midi donne lieu à de longues discussions dehors, sous l'arbre le plus frais. Surtout quand le Ramadan se situe à cette période de l'année. Les discussions: une autre manière d'apprendre les uns des autres!


Marta de Madrid, infirmière, qui viendra en 2013


Les visiteurs sont également toujours les bienvenus d'autant plus que la route entre Keur Massar est de plus en plus défoncée avec les pluies... Nous avons eu la joie ces derniers jours de rencontrer Antonio de Milan et Pépé de Madrid, journaliste à El Païs. Mais les voisins ne sont pas en reste et peuvent aussi échanger longuement.




Geneviève Baumann

mardi 7 août 2012

La chronique du mardi au Jardin botanique: le Prosopis africana


LE PROSOPIS AFRICANA

C’est une espèce typiquement forestière. Son fruit est une gousse cylindrique courte et noire à maturité et au goût sucré qui est utilisé aussi bien comme instrument de musique (pour dorloter les bébés)  que comme aliment de bétail.

La poudre des gousses dégage un très bon parfum, avis aux connaisseurs !

La plante  se retrouve le plus souvent en peuplements assez importants sur des sols argileux.

Mais elle subsiste, éparse, sur les sols sablonneux… d’anciennes dépressions de terrains recouvertes par les dunes ?

Une des raisons de la célébrité du prosopis, c’est qu’il fournit un bois très dur dont on dit qu’il ne peut être coupé à la hache, mais qu’il faut plutôt le brûler à la racine pour le faire tomber…

Si bien que ce bois est fortement recherché par divers corps de métiers (charbonniers, forgerons, charpentiers, sculpteurs, etc.), ce qui en fait une des espèces les plus menacées de disparition.

Nous ajouterons que c’est l’un des arbres qui nous aura causé le plus de problème au niveau de notre jardin quant à la germination de ses graines ! Une confirmation sans doute de l’opinion assez répandue et selon laquelle sa régénération est assurée par les graines ayant transité par la panse d’animaux...

Une autre raison de la célébrité du prosopis africana est bien sa grande considération au niveau spirituel et au niveau médicinal.

Jusqu’à une date récente, le tronc du prosopis africana servait à marquer les tombes de personnalités ou les grands évènements.

Il n’est pas donc étonnant que ses principales indications thérapeutiques soient l’épilepsie, les états anxieux ou agités, les migraines, l’insomnie et la fièvre.

Ne suffit-il pas au chanteur qui veut avoir une voix belle et puissante de mâcher un bout de sa racine ? Sa réputation est établie en ce qui concerne l’hygiène bucco-dentaire.

En bains, c’est un tonifiant musculaire pour bébés et pour les personnes souffrant de  rhumatismes.

Le prosopis est aussi convoqué dans le traitement des affections broncho-pulmonaires, la rage dentaire, les dermatoses, la dysenterie, le paludisme, mais aussi dans les angines.

A l’hôpital Traditionnel de Keur Massar, le prosopis est également une plante anti-inflammatoire, antispasmodique et vermifuge.

Djibril Bâ