Et si nous nous tournions vers les plantes sauvages ?
Naturopathe spécialisée en nutrition, j'ai consacré beaucoup de
temps aux vertus des plantes sauvages en France où j'organise des ateliers de
cuisine qui intègrent ces plantes. Aussi ai-je dédié mon deuxième séjour à Keur
Massar en période d'hivernage à la recherche de plantes sauvages comestibles.
Nos
ancêtres ont vécu de chasse et de cueillette: racines, feuilles, fruits...
Donc, avant de cultiver des plantes, ils ont eu la connaissance des plantes. Or,
le citadin s'est éloigné de la Nature et dédaigne les plantes sauvages, surtout
par méconnaissance, dans les préparations culinaires.
Ces
plantes, pourtant, comportent un certain nombre d'intérêts pour nous les
humains:
a)
un intérêt nutritionnel : les plantes sauvages contiennent plus
de nutriments vivants que les plantes cultivées que ce soit en minéraux,
vitamines, protéïnes et en fibres.
b) un intérêt
préventif : les plantes disposant de vertus médicinales, l'utilisation des
plantes prévient un certain nombre de maladies
c) un intérêt
économique : étant dans une période de réduction de moyens financiers, la
cueillette des plantes sauvages allège nos dépenses pour l'alimentation.
Si nous nous basons sur le fait que produire 1 kg de viande
demande 80 kg de végétaux et que nous sommes en période de sécheresse
planétaire, cette production est en voie de devenir excessivement
chère. Tôt ou tard, il va falloir retourner vers les plantes qui sont,
elles, riches en protéines. Les troupeaux se portent très bien en ne broutant
que de l'herbe!
...
Quelques
recommandations
-
Utiliser des plantes fraîchement cueillies pour profiter d'un
maximum de nutriments
-
Consommer les plantes jeunes crues en salades
-
Préférer une cuisson douce et courte; ajouter les plantes en
fin de cuisson aux sauces africaines
Dans un futur séjour, je prévois de mettre en place des
ateliers de cuisine. Il est, évidemment, nécessaire de connaître les
plantes dans leur environnement.
Amaranthus viridis (Amarante)
Cette plante est le précurseur de l'épinard cultivé. Elle se
trouve sous tous les climats dans des terrains vagues, en bordure de champs et
de chemins. Considérée comme « mauvaise herbe », nous passons à côté de
ses valeurs nutritives et préventives. Elle apporte minéraux et vitamines à
l'organisme et soigne les troubles intestinaux, l'anémie et la constipation. Au
moment de l'accouchement, elle stimule les contractions.
Boerhavia diffusa
Cette herbe pousse abondamment dans les friches autour des
villages et cités. Les pousses jeunes rentrent dans les préparations de sauces
pour couscous. Elle s'utilise aussi dans les préparations de sauces. Les
décoctions des racines favorisent la montée du lait.
Portulaca oeracea (pourpier)
Cette plante se trouve comme la précédente sur des terrain vagues. Le
pourpier a des petites fleurs jaunes au sommet et les feuilles ont un goût
acidulé. Elle peut entrer comme l'oseille cultivée dans la préparation des
sauces. Le pourpier est très riche en oméga 3. Pour l'anecdote, il est,
avec l'huile d'olive, un des piliers du régime crétois. Les Crétois sont
friands d'escargots qui, eux, dévorent le pourpier. La principale propriété de
l'oméga 3 est de réduire les inflammations de tout ordre.
Corchorus olitorius (Jute)
C'est une plante herbacée répandue en Afrique intertropicale
dont les tiges sont ligneuses. D'autres espèces sont cultivées pour fabriquer
des tissus de jute. Peut-être à la suite de cette culture, la plante s'est
ainsi retrouvée sous forme subspontanée. L'herbe atteint jusqu'à 1,50 de
hauteur avec des feuilles lancéolées. Seules, les feuilles entrent dans les
préparations culinaires et soignent les troubles intestinaux.
Cleome viseosa (Moutarde)
Cette plante vivace est très répandue au Sénégal. C'est une
herbe annuelle de 10 à 60 cm de hauteur. Les jeunes plantes peuvent entrer
comme les autres plantes citées ci-dessus dans la préparation des
mets. Les graines de moutarde servent en Inde à préparer une excellente huile.
La moutarde est riche en minéraux et vitamines. Les cataplasmes des feuilles
soignent les migraines et infections oculaires.
Recettes européennes
avec les
plantes sauvages susnommées
Sandwiches avec plantes sauvages
- couper un pain en deux, arroser avec un filet de huile de palme
- garnir avec œuf dur ou thon ou sardine
- ajouter quelques brins de pourpier et de basilique
Voilà
un déjeuner sain pour personne pressée...
Soupe d'herbes sauvages
-
faire revenir oignons et ail dans de l'huile végétale
-
ajouter une grosse poignée de plantes essorées sans les tiges (les
tiges sont souvent ligneuses ou filandreuses).
-
Si les pousses ne sont pas jeunes, une pomme de terre coupée en
dés enlève l'amertume des plantes.
On peut ajouter à la fin un peu
de lait caillé.
Août 2012
Ursula Prämassing (Naturo-praticienne)