mercredi 1 septembre 2010

Bilan et perspective de la médecine traditionnelle

Sans doute, et malheureusement, « de tout temps, il y a eu des cultures jugées primitives par d’autres, autoproclamées civilisées. De tout temps, les premières, pour se faire admettre par les secondes, ont dû se plier à leurs normes sociologiques, culturelles et scientifiques, tout en s’éloignant à contrecœur de leur propre histoire naturelle. Même si les paroles d’un homme médecin valent bien celles d’un visiteur médical, il reste préférable de cacher les plumes et les tatouages sous le costume et la cravate, si possible eux-mêmes recouverts d’une blouse blanche, si l’on veut avoir des chances de paraître sérieux aujourd’hui »
("Médecine, Humanisme et Tradition" Conférence présentée par Patrick Shan au Congrès Mondial de Médecine Traditionnelle Chinoise, Paris, le 2 Octobre 2005).




Certes, mais le pire des ennemis est celui de l’intérieur, c’est le déraciné. L’acculturé, c’est celui qui se déguise. Or tout déguisement n’est-il pas tout simplement comique, voire tragi-comique ?


Comme précédemment annoncée, la huitième journée africaine de la médecine traditionnelle a été célébrée, hier mardi, 31 août 2010, par le Ministère de la Santé, l’OMS et les tradipraticiens. Le thème retenu se proposait de faire un bilan: le bilan des actions menées en dix années en rapport aux espoirs légitimement nourris au départ.



En effet, comment continuer à ignorer la médecine traditionnelle si l’on sait que plus de 80% de la population africaine a recours à la médecine traditionnelle, plus de 25% des produits pharmaceutiques sont à base de plantes médicinales.?

Mais encore comment faire l’impasse sur la sécurité de millions de malades quand on sait que plus de 25% des produitspharmaceutiques distribués en Afrique subsaharienne sont d’origine douteuse ? En outre, comment continuer à renier sa culture quand on sait que la médecine traditionnelle est un aspect – sans doute le plus important – dans toute civilisation ?


C'est sans doute là un anachronisme, dont l'Afrique n'est pas à un près. Je devais dire compromission....qui compromettent d'autant la linéarité du fameux chemin du non moins fameux développement.




Après le discours de bienvenue du chef du SNEIPS qui a rappelé que les médecines dites modernes et traditionnelles ne sont pas contradictoires, mais bien complémentaires, le représentant de l’OMS s’est réjoui de constater que plus de la moitié des Etats africains ont élaboré des politiques de santé intégrant la médecine traditionnelle ou des cadres réglementaires de l’exercice de la médecine traditionnelle, ont intensifié la recherche sur les plantes médicinales efficaces contre le paludisme, le diabète, l’hypertension, la drépanocytose et les affections opportunistes du sida, ont favorisé la production de médicaments issus de la pharmacopée et l’intégration des tradipraticiens dans les systèmes officiels de santé.


L’OMS, tout en invitant les Etats à augmenter leur apport dans le domaine pour le développement de la recherche, propose son appui pour le développement de la médecine traditionnelle qui requiert plus que jamais un renforcement des capacités des acteurs, une meilleure application des réglementations pour garantir l’innocuité des médications, la protection des savoirs, mais aussi une plus grande promotion et un appui renforcé en vue de favoriser la découverte de nouveaux médicaments.

A sa suite, le directeur de cabinet du Ministre de la Santé a souligné que la célébration de cette journée était la preuve d’un ancrage dans nos coutumes ancestrales, mais également de l’engagement des autorités pour renforcer et promouvoir l’impact de la médecine traditionnelle. La célébration de cette huitième journée africaine coïncide avec un double anniversaire, celui de la déclaration d’Alma Ata et la fin de la décade de la médecine traditionnelle. Le résultat en est qu’au Sénégal, par rapport à la reconnaissance officielle de la médecine traditionnelle, un vaste courant d’opinions et une volonté politique favorable s’affirment de plus en plus.


Le porte-parole du jour des tradipraticiens a interpelé les autorités sanitaires sur la sécurité des patients et des praticiens en * arrêtant le désordre* qui sévit dans le milieu.


La responsable de la médecine traditionnelle a, dans son exposé, identifié les deux défis majeurs à relever : la mise en place d’un cadre juridique réglementant l’exercice de la médecine traditionnelle ET la mise en œuvre du plan stratégique de développement de la médecine traditionnelle.



Au cours des débats, les tradipraticiens ont chacun appelé à l’unité d’action, car la santé est le premier facteur de développement et, à ce titre, mérite d’être bien préservée. Seule, diront-ils, cette collaboration interprofessionnelle peut décrocher le soutien de l’Etat. Ils ont demandé à ce que la représentation parlementaire soit étroitement associée à l’organisation de ce genre de rencontres. Pour certains, c’est l’absence de volonté politique qui est la cause du retard observé dans le vote de la loi. Un retard qui favorise la publicité mensongère.

En appelant au financement des recherches des tradipraticiens, il faut promouvoir également le partage des connaissances entre eux pour faire progresser la médecine traditionnelle.

Le vrai guérisseur doit être toujours au service de la population, tout son espoir ne doit pas être concentré dans le vote de la loi. Il faut rechercher de nouvelles solutions, même si par ailleurs, la vacuité juridique pose problème.



Souleye Ngom a tenu à saluer la mémoire du Professeur Yvette Parès qui, à travers la création de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, a redonné à la médecine traditionnelle africaine toute sa noblesse. Il a appelé ses collègues thérapeutes à éviter *de mettre l’argent au-dessus de tout* et *de rester honnêtes envers eux-mêmes et la société*.












L’OMS a invité les autorités à insister sur la nécessité d’adopter la loi, mais de ne pas se concentrer exclusivement sur cet aspect. Il existe plusieurs moyens de faire avancer la médecine traditionnelle comme par exemple revaloriser les plantes médicinales en multipliant le nombre de centre de recherches en pharmacopée.

Selon les autorités, les représentants du peuple sont bel et bien invités à chaque fois, mais ils ne répondent jamais. La présence de la presse montre que l’objectif de promotion est atteint. Les autorités ont salué la pertinence de l’idée de collaboration, car le combat contre les charlatans doit être continu, à l’image du bien contre le mal. La sensibilisation doit débuter tout d’abord au niveau des associations des tradipraticiens. La lutte pour l’adoption du projet de loi portant réglementation de l’exercice de la médecine traditionnelle est toujours en cours. Ce n'est pas un problème facile à résoudre malgré les résultats positifs enregistrés par la médecine traditionnelle. Il faudra revoir le programme stratégique de développement de la médecine traditionnelle.

En rappelant la loi qui punit le contrevenant, les autorités ont dit leur ferme volonté de combattre la publicité tapageuse et mensongère.

Pour l'Hôpital Traditionnel de Keur Massar
Djibril Bâ


1 commentaire:

  1. comme quoi l'officialisation de la pratique de la médecine traditionnelle peut repasser...on peut en conclure que l'État n'a pas d'ambition dans ce domaine...
    loumbal

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